Nous allons suivre la réalisation d’une maison passive en Haute-Savoie (74), à proximité d’Annecy, de la conception à la finition. La construction, d’environ 210m² habitables, est prévue en maçonnerie avec isolation extérieure. Elle se situe à 600m d’altitude avec une exposition plein Sud.
Une maison passive ne signifie pas une absence de chauffage mais une utilisation extrêmement limitée. Le but de ce projet est d’aboutir à une construction nécessitant un niveau de chauffage inférieur à 15kwh/m² par an conformément aux normes PassivHaus.
Notamment grâce à son isolation et son étanchéité à l'air renforcées, une maison passive offre, en plus d'une très faible consommation de chauffage, un confort important. En effet, outre la gestion d'une température ambiante agréable, l'approche "passive" tient compte, entre autres, de la température des surfaces intérieures et des mouvements d’air.
Le permis de construire ayant été déposé avant le 1er janvier 2013, les propriétaires n’ont pas été obligés de respecter la norme RT2012. Ils ont préféré se soumettre, volontairement, à celle du PassivHaus, laquelle est plus pragmatique.
Quelques différences entre les normes RT2012 et Passivhaus :
La norme passive impose un maximum de 15kwh/m²/an pour le chauffage alors que la RT2012 impose 50kWh/m²/an maximum en énergie primaire pour le chauffage, la climatisation, l’eau chaude sanitaire, l’éclairage et les auxiliaires de chauffage et de ventilation mécanique contrôlée.
Le fait d’être en énergie primaire pour la RT2012 engendre une quasi-impossibilité d’utiliser exclusivement un chauffage électrique (à effet de joule). En effet, le facteur de conversion de l’électricité en énergie primaire est de 2,58 selon la norme RT2012. Pour simplifier, 15kwh/m²/an de chauffage électrique correspondent (de façon arbitraire) à 38,7kwhep/m²/an en RT2012.
Ce résultat demeure grossier car les méthodes de calcul ne sont pas les mêmes, notamment en ce qui concerne la surface et la température prises en compte.
Ainsi, la RT2012 se fonde sur une température intérieure de 19° contre 20° pour une maison passive. Un degré supplémentaire entraîne environ 15% de plus sur une facture de chauffage.
En outre, les ponts thermiques et l’étanchéité à l’air sont moins bien pris en compte dans la RT2012 ;
La norme française, assez théorique, engendre des résultats plus incertains in situ. Pour schématiser, la norme RT2012 rend obligatoire certains modes de chauffage, alors que la norme PassivHaus attachera plus d’importance à l’enveloppe du bâti.
Compte-tenu des prochaines évolutions RT2020 – BEPOS, il sera plus simple de changer de mode de chauffage plutôt que la structure du bâtiment si l’on souhaite suivre les nouvelles normes. Mais cela sera-t-il vraiment utile par rapport au coût relativement important de l’investissement dans une pompe à chaleur, des panneaux solaires ou encore une chaudière à granulés et une consommation très faible?
Ces systèmes peuvent être onéreux à l’achat et susceptibles de pannes mécaniques annihilant toute économie face à un chauffage électrique à effet de joule. C’est pour ces raisons et pour gagner en confort que les propriétaires se sont tournés vers une maison passive.
La conception de cette villa pensée par l'architecte Daniel DIDIER se base donc sur une étude PHPP réalisée par le bureau d’étude thermique Enercobat. Une attention particulière est notamment apportée au traitement des ponts thermiques, à l’étanchéité à l’air et à l’isolation.
Pour faciliter l’objectif de 15kwh/m²/an de chauffage, cette maison située dans les environs d’Annecy bénéficie d’une approche bioclimatique grâce ses larges ouvertures exposées au Sud pour profiter de l’apport énergétique du soleil pendant la saison froide. En ce qui concerne les périodes plus chaudes, certaines protections dont l’avancée de toit et un masque végétal à l’Ouest permettront d’éviter une surchauffe, tout en conservant une belle luminosité.